Dostoïevski est très précis en décrivant les adresses petersbourgeoises de ses héros littéraires et le livre ouvert dans le mains vous pouvez les reconnaître facilement pendant vos promenades.
"Dans les premiers jours de juillet à cette époque extrêmement chaude de l'année, un jeune homme sortit un soir de sa petite chambre meublée sise rue S., descendit l'escalier et, lentement, se dirigea d'un air irrésolu vers le pont K. "
Rue S. = Stoliarny Pereoulok,
Le pont K.= le pont Kokouchkine.
Le jeune homme à l'aire irrésolu est Rodion Raskolnikov...
Nous sommes à la première page du roman de Fedor Dostoïevski, Crime et Châtiment.
Le romancier a domicilé son héros tout près de la maison Alonkine (à l'angle des rues Malaya Metchanskaïya et Stoliarny pereoulok) où il avait lui-même loué un appartement. Malaïya Metschanskaïa = rue des petits bourgeois et artisans, le quartier le plus pauvre de Saint-Pétersbourg.
À ce temps-là, la rue Stoliarny ne comptait que 16 immeubles, huit de chaque côté, et pourtant pas moins de 18 caboulots: qui voulait y prendre un verre n'avait pas longtemps à chercher. Y régnait "la puanteur des gargotes et des cabarets", l'on y croisaint "des yvrognes à chaque pas".
L'immeuble face à celui occupé par Dostoïevski avait deux portes cochères, une sur chaque côté rue, détail important pour Raskolnikov, qui pouvait sortir par une porte et rentrer par l'autre.
L'immeuble de la vieille usurière était à l'angle du canal E. (Ekaterinenski, actuellement Griboedov) et de La rue Srednaïa Podiatcheskaya.
Les 730 pas (exact, j'ai vérifié) de Raskolnikov les séparent, l'un de l'autre.